Dans le cadre du salon du livre de Mesquer qui se tient le 30 juillet, la Bibliothèque Pour Tous de Mesquer a organisé le 26 juillet une dictée qui a attiré 28 adultes et 7 adolescents. Félicitations à tous les participants qui pour certains sont venus de toute la Presqu'île.
Une précision : pour les adolescents, cette dictée est la même mais plus courte.
Voici le texte de la dictée.
"Une des caronades de la batterie, une pièce de vingt-quatre, s'était
détachée. Rien de plus terrible ne peut arriver à un navire de guerre au large
et en pleine marche. Cette masse penche avec le roulis, plonge avec le tangage,
pirouette, se dérobe, s'évade, se cabre, heurte, ébrèche, tue, extermine.
En un instant tout
l'équipage fut sur pied. La faute était au chef de pièce qui avait négligé de
serrer l'écrou de la chaîne d'amarrage et mal entravé les quatre roues de la
caronade ; ce qui donnait du jeu à la semelle et au châssis et avait fini par
disloquer la brague. Le combleau s'était cassé, de sorte que le canon n'était
plus ferme à l'affût...
Il y avait juste assez de
mer pour que l'accident fût aussi complet que possible. Une tempête eût été
désirable ; elle eût peut-être culbuté le canon, et, une fois les quatre roues
en l'air, on eût pu s'en rendre maître. Cependant le ravage s'aggravait. Il y
avait des écorchures et même des fractures aux mâts, qui, emboîtés dans la
charpente de la quille, traversent les étages des navires et y font comme de
gros piliers ronds. Sous les frappements convulsifs du canon, le mât de misaine
s'était lézardé, le grand mât lui-même était entamé...
Le maître de la caronade
ayant fait le mal voulait le réparer. Il avait empoigné une barre d'anspect
d'une main, une drosse à noeud coulant de l'autre main, et il avait sauté par
le carré dans l'entre-pont.
Au
moment où, acceptant ce corps-à-corps effroyable, le canonnier vint provoquer
le canon, un hasard des balancements de la mer fit que la caronade demeura un
moment immobile et comme stupéfaite. " Viens donc ! " lui disait
l'homme. Elle semblait écouter. Subitement elle sauta sur lui. L'homme esquiva
le choc.
La lutte s'engagea.
Lutte inouïe. Le fragile se colletant avec l'invulnérable. Le belluaire
attaquant la bête d'airain. D'un côté une force, de l'autre une âme.
Une
âme ; chose étrange, on eût dit que le canon en avait une, lui aussi : mais une
âme de haine et de rage. Il y avait, on l'eût pu croire du moins, de la ruse
dans cette masse. C'était on ne sait quel gigantesque insecte de fer ayant ou
semblant avoir une volonté de démon."
Quatrevingt-treize, Victor Hugo
Combleau : la corde qui servait à tirer la caronade.
Brague : le
cordage qui retenait le canon au moment du recul.
Belluaire : gladiateur qui combattait les bêtes
féroces.
Barre d'anspect : sorte de levier de bois.
Les résultats seront proclamés lors du salon du livre dimanche 30 juillet à 18 h.
Les copies seront disponibles à ce moment-là mais aussi aux heures d'ouverture de la Bibliothèque Pour Tous : les jeudis, samedis et dimanches matins de 10 h à 12 h et le mardi après-midi de 15 h à 17 h.